~ Who are you again, and what are you doing in my toilets? [ft Alya]

Cela fait maintenant plusieurs jours que Raquel, la chouette d’Alya, ne semble pas dans son assiette. D’ordinaire très enjouée, la petite boule de poils ne se déplace maintenant que lorsqu’on l’y oblige, clairement à contre-cœur. Elle passe ses journées à dormir, ne mange presque plus rien et pousse régulièrement de légers grognements de douleur. Malgré ses recherches assez poussées, la jeune femme n’a pas réussi à trouver l’origine des maux de l’animal. Stagiaire à la boutique d’animaux magiques, elle sait que certaines créatures agissent de la sorte quand elles se sentent délaissées et, puisqu’elle vient tout juste de reprendre les cours après deux mois complets passés avec son amie, Alya se dit que ce n’est probablement qu’une mauvaise passe, que Raquel a simplement besoin d’un léger sevrage. Elle prend tout de même la peine de se rendre jusqu’à la volière tous les matins histoire de s’assurer que tout va bien et, cette fois-ci, son petit doigt lui dit qu’il est temps de faire appel à quelqu’un de plus expérimenté qu’elle.

En effet, même les autres oiseaux ont l’air inquiets, ce matin-là. La volière est généralement plutôt bruyante et Alya se retrouve d’habitude pleine de plumes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire tellement les hiboux virevoltent dans tous les sens. Là, toute la volaille est regroupée à une seule et même place, soit autour de Raquel. Cette dernière a pourtant l’air d’avoir repris du poil de la bête : elle se balade d’un bord à l’autre de son enclos sans la moindre trace de malaise et s’envole même en direction de la Serdaigle lorsqu’elle l’aperçoit à l’autre bout de la pièce. Amusée, cette dernière en profite pour flatter l’animal avant d’aller en cours. Elle change aussi son eau et lui rajoute un peu de graines pour qu’elle ne manque de rien, puis prend la direction de son premier et dernier cours de la journée : le cours de potions. Un peu étonnée du comportement des autres hiboux, miss O’Reily se fait toutefois la promesse de retourner prendre des nouvelles de sa chouette dès qu’elle en aura l’occasion.

La bleue et bronze descend donc les escaliers, complètement perdue dans ses pensées. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’après sept ans à traverser tous les étages plusieurs fois par jour, les élèves de l’académie de magie vont tous avoir les mollets durs comme de la roche… Les Serdaigles et les Gryffondors ont intérêt à être un minimum sportifs, en tout cas. Quelle idée aussi, de mettre la moitié des salles communes aux sous-sols et l’autre moitié en haut des tours du château? Y’en a qui l’ont facile… Enfin, ce n’est pas Alya qui va s’en plaindre : si ce n’est des escaliers qui n’en font qu’à leur tête et qui la rallongent parfois bien plus que nécessaire, l’aiglonne aime marcher. Cela lui permet de terminer de se réveiller et de se vider la tête afin de mieux pouvoir se concentrer par la suite. Chose plutôt difficile pour le moment, cependant, puisqu’elle ne cesse de se demander pourquoi les oiseaux semblaient si concernés… Elle écoute d’une oreille semi-attentive avec une seule idée en tête : retourner voir Raquel. Elle a vraiment un mauvais pressentiment et, jusqu’à maintenant, son instinct l’a rarement trompée – pour ce genre de chose du moins.

Miss Jones a à peine le temps de donner les devoirs pour la semaine suivante que la Serdaigle a déjà passé le pas de la porte, direction la volière. Elle s’excusera auprès de son aînée plus tard, mais là le temps presse. Comme de fait, elle se retrouve une nouvelle fois face à la même scène que quelques heures auparavant, à l’exception près de Raquel qui, cette fois-ci, ne bouge pas d’un millimètre. Sans perdre une seconde de plus, Alya se rue vers son petit compagnon qui, visiblement frigorifié, tremble comme une feuille. Elle commence à paniquer et, pour bien l’exposer à la vue de tous, ses cheveux se teintent d’un vert bien pétant qui ne manque pas d’apeurer et de faire fuir toutes les autres bestioles présentes. Sans réfléchir, elle enroule l’animal dans son foulard puis place le tout sous sa cape, de façon à maximiser la chaleur octroyée à la chouette. La bleue n’a peut-être pas énormément d’amis, mais elle tend toujours l’oreille et est donc au courant d’à peu près toutes les rumeurs qui tournent dans l’école. On est en semaine et, étant encore mineure, elle ne peut pas se rendre chez le vétérinaire. Il y a très peu de chances que l’infirmière puisse s’approprier ce rôle non plus. Il lui semble toutefois avoir entendu parler d’une clinique clandestine ayant élu domicile dans les toilettes de Mimi Geignarde. À court d’option, c’est donc là qu’elle se dirige.

Essoufflée, elle pousse maladroitement la porte et réalise qu’il n’y a absolument personne, comme d’habitude. Elle s’accroupit donc dans un coin, les larmes aux yeux, et câline Raquel en espérant que cette dernière n’a rien de trop grave. Désespérée, elle se dit qu’elle n’écoutera plus jamais ce que ses camarades s’échangent quand ils pensent que personne ne les écoute… C’est à ce moment-là qu’elle entend un petit bruit provenant de l’une des cabines. Elle s’approche lentement, pas trop sûre de ce qu’elle va y trouver puisque ça ne semble pas être la voix horripilante de Myrtle, et y découvre une cage. Curieuse, elle s’en empare et commence à jouer un peu avec le lézard qui s’y trouve au travers des barreaux. La Serdaigle a toujours su développer une certaine complicité avec les animaux en un temps record ; ce mignon petit reptile ne sera pas l’exception qui confirme la règle.

En entendant une voix grave derrière elle, la rousse sursaute et manque d’échapper la cage, qu’elle rattrape au vol et repose doucement là où elle l’a trouvée. « Hey, salut! S’il te plaît, dis-moi que ce n’étaient pas que des rumeurs… » Le pauvre bougre ne doit pas avoir la moindre idée de ce dont elle parle mais, si elle n’était pas aussi gênée et anti-contacts physiques, Alya l’enlacerait sans hésiter, malgré le ton on ne peut plus condescendant avec lequel le jeune homme s’est adressé à elle. Un dénommé Léandre, si ses souvenirs sont bons… Et à en juger par son blason, c’est un Gryffondor – ce qui n’a pas grande importance aux yeux de la jeune femme puisqu’elle n’a absolument aucun préjugé envers les différentes maisons. Dans sa hâte, elle ne pense même pas à se présenter et se contente d’essayer d’expliquer la situation, sans même savoir si son interlocuteur est réellement celui à qui elle pense avoir affaire. « Elle allait bien ce matin, et puis là je l’ai retrouvée complètement gelée… » Elle repousse gentiment sa cape et dévoile sa chouette, enroulée comme un burrito dans son foulard. Cette dernière ouvre légèrement les yeux, tourne un peu la tête… Et vomit aux pieds de sa maîtresse, qui est vraiment au bord de la crise de nerfs.

Le jeune homme ne semble pas très enjoué à l’idée qu’une parfaite inconnue se soit immiscée dans son petit coin de paradis improvisé. À bien y réfléchir, c’est quand même un drôle d’endroit pour une clinique clandestine et Alya se demande de plus en plus si les rumeurs ne sont pas purement et simplement ça : des ouïe-dires infondés. Il est tout de même assez rare de voir qui que ce soit dans les toilettes de Mimi Geignarde ; les plus imaginatifs ont donc facilement pu extrapoler à peu près n’importe quoi en voyant un septième année pénétrer dans une pièce généralement déserte et, qui plus est, réservée aux femmes. Ce n’est toutefois pas la salle la plus aseptisée du château, mettons. Entre Myrtle qui passe son temps à tout dramatiser et à sortir des toilettes en criant comme une dératée et en envoyant valser l’eau potentiellement assez sale un peu partout et la poussière accumulée, du fait que plus personne n’est venu depuis des années… Tout cela sonne tout de même très étrange.

Résignée et de moins en moins sure que son interlocuteur va pouvoir faire quoi que ce soit pour l’aider, la Serdaigle retrouve malgré tout une once d’espoir en voyant que le comportement du brun change du tout au tout en apercevant la chouette. Elle a à peine le temps de dévoiler l’animal et de se faire régurgiter dessus le peu de bouffe que Raquel a réussi à avaler au cours des derniers jours que le lion se précipite vers elle et s’empare du rapace, qu’il dépose gentiment sur ses genoux. Les airs désespérés du Gryffondor lui apprennent bien vite qu’elle aurait dû venir plus tôt. Le jeune homme examine l’animal, puis se met à bombarder la pauvre rouquine de questions. Cette dernière tente tant bien que mal de répondre mais se fait constamment interrompre par une nouvelle question. Elle décide donc d’attendre que son interlocuteur ait terminé sa petite tirade avant d’intenter une réponse. « Ça fait quelques jours qu’elle mange et bouge un peu moins que d’habitude, mais je pensais juste que je lui manquais, avec la reprise des cours… » La bleue et bronze marque une courte pause avant de reprendre, d’une voix fébrile : « Ce matin, elle avait l’air d’aller mieux… Elle a volé jusqu’à mon épaule. » Pas certaine d’avoir répondu à toutes les questions qu’on lui avait posées, mas incapable de penser à autre chose à ajouter, Alya se tait pour laisser travailler le lionceau, qui sait clairement plus ce qu’il fait qu’elle.

C’est ce moment-là que choisit Mimi pour faire irruption dans la conversation. L’aiglonne se demandait bien combien de temps ça prendrait avant que ce foutu fantôme ne vienne les déranger. La pièce était jusque-là bien trop calme. Puisque l’inconnu ne semble pas décidé à lui répondre, Alya s’apprête à se présenter aux deux protagonistes et à faire d’une pierre deux coups lorsque le spectre prend les devants et se met à hurler que le jeune homme n’est pas digne de confiance et qu’elle ne veut plus qu’il mette les pieds dans ses toilettes. Évidemment. Du Mimi tout craché, quoi. Complètement paranoïaque et égocentrique, celle-là. Plutôt du genre à fuir les problèmes qu’à foncer dans le tas, miss O’Reily se contente de soupirer assez lourdement pour bien faire comprendre son impatience à la morte. Heureusement pour elle, son camarade a un peu plus de tact qu’elle et explique calmement la situation à Mimi, qui finit par aller bouder dans son coin, comme l’adolescente immature qu’elle sera à jamais… Son histoire a beau être des plus tragiques, Alya aurait imaginé qu’elle mûrisse un peu, avec le temps. Visiblement pas…

Elle est bien vite sortie de ses pensées par le Gryffondor qui l’envoie farfouiller dans ses affaires pour en trouver une pince à épiler. Sans réfléchir, Alya s’exécute. Elle n’aime généralement pas fouiller dans les affaires des autres, n’appréciant pas elle-même qu’on touche aux siennes, mais lorsqu’on le lui demande, elle a un peu moins de scrupules. Elle met donc bien vite la main sur la trousse dont lui parle son camarade mais, cette dernière étant pleine d’outils en tout genre, il lui faut quelques secondes pour trouver la fameuse pince. Elle s’apprête à la tendre au jeune homme lorsque celui-ci lui demande un scalpel. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le teint de la jeune femme devient encore plus blanc qu’il ne l’était déjà. « Un… Scalpel? Pour quoi faire? » Pas très à l’aise à la vue du sang, l’aiglonne anticipe déjà les haut-le-cœur qui vont inévitablement s’en suivre. Enfin, ce n’est pas non plus la seule chose qui l’inquiète. « T’es sûr que tu sais ce que tu fais, hein? » La bleue espère sincèrement ne pas sonner désobligeante ou blesser son camarade alors qu’il fait tout ce qu’il peut pour venir en aide à l’oiseau, mais elle a tout de même un peu de mal à imaginer ce qui pourrait requérir d’avoir à charcuter la pauvre bestiole… « Qu'est-ce qu'elle a, finalement? »

L’inconnu semble soulagé d’entendre ce qu’Alya a à répondre à ses multiples questionnements. Même si elle ne connait le jeune homme ni d’Eve, ni d’Adam, cela ne manque pas de rassurer aussi la rouquine. Son interlocuteur n’a pas l’air d’hésiter une seule seconde, ce qui prouve qu’il sait ce qu’il fait – ou du moins qu’il est assez persuadé de le savoir pour convaincre les gens autour de lui que c’est bel et bien le cas. L’aiglonne ne peut s’empêcher de culpabiliser. Le Gryffondor a raison, après tout : pourquoi a-t-elle laissé les choses s’envenimer pendant plusieurs jours avant de chercher l’aide d’un professionnel?  Visiblement, ses connaissances en la matière sont assez limitées et, même si elle n’est techniquement pas encore majeure et ne peut donc pas sortir de l’académie hormis lors de certaines sorties bien précises, quelqu’un s’en serait clairement occupé si elle avait pris la peine de demander.

Alya sait pertinemment qu’elle n’a aucune excuse et que la situation aurait pu être évitée si elle n’avait pas préféré s’assurer de commencer l’année avec des bonnes notes. Un jour, il va vraiment falloir qu’elle réalise qu’il y a des choses plus importantes que ça dans la vie. Elle qui aime tant les animaux, en plus… Elle ne se le pardonnera probablement jamais. Le regard baissé et au bord des larmes, elle ne dit donc pas un mot, ignorant totalement les airs énervés de son camarade. Ce dernier a de quoi l’être, de toute façon : il fait tout ce qu’il peut pour l’aider, mais la bleue et bronze trouve encore le moyen de douter de lui… C’est un peu son seul espoir quoi qu’il arrive, rendu là, alors elle pourrait au moins lui accorder un minimum de crédit.

Le jeune homme explique alors à la Serdaigle que le parasite n’est autre qu’une tique. Comme quoi, la nature n’est pas toujours bien faite, contrairement à ce que laisse entendre le fameux dicton. Un petit insecte qui pourrait paraître parfaitement inoffensif peut en réalité faire bien des dégâts à une bestiole pas mal plus grosse que lui. Alya se contente donc d’acquiescer, heureuse de savoir que le vétérinaire improvisé qui lui fait face a mis le doigt sur le bobo assez rapidement et sait comment s’en débarrasser. L’ennui, c’est que l’opération en question risque d’être un peu trop sanglante pour la jolie rousse, qui n’a vraiment pas envie de voir Raquel se faire découper un bout de peau – même si c’est pour son bien.

Elle ne peut s’empêcher de remarquer que son camarade utilise un briquet pour stériliser la lame du scalpel, et cela lui décroche malgré tout un léger sourire. Le jeune homme a certainement des origines moldues pas trop loin et, s’il se balade constamment avec un artéfact du genre sur lui, il est aussi probablement fumeur. Quand il faut se faire discret et qu’on ne maîtrise pas encore parfaitement les sortilèges sans baguette, il vaut mieux avoir un plan de secours pour ne pas avoir à scander haut et fort une formule magique. Sortie de ses pensées par la voix du lionceau, Alya écoute attentivement ses explications. Bien hydrater Raquel une fois la tique retirée, got it! Ça ne devrait pas être trop dur à faire.

Il faut qu’elle soit forte pour sa petite chouette et, dans cette optique, la Serdaigle essaie tant bien que mal de suivre l’opération. « Il ne faudrait pas l’anesthésier…? » Apparemment non : le jeune homme a déjà commencé. La première incision n’est pas si dégoûtante, puisque très peu de sang s’écoule de la plaie. Cependant, plus le temps passe, et plus Alya sent qu’elle ne va pas tenir longtemps. En plus du liquide rougeâtre qui perle le long de l’animal, elle voit bien que ce dernier souffre le martyr. Avoir su, elle l’aurait endormi d’un coup de baguette magique avant de l’amener… Pour couronner le tout, la tique se débat pour ne pas littéralement se noyer dans une flaque de sang, et c’en est trop pour Alya. Cette dernière a tout juste le temps de se ruer jusqu’à la cuvette des toilettes, et voilà qu’elle y régurgite maintenant tout ce qu’elle a dans l’estomac – à savoir pas grand-chose puisqu’elle n’a pas mangé depuis la veille au soir. Au moins, elle ne s’est pas -encore- évanouie…

Lorsqu’elle parvient finalement à reprendre ses esprits, la bleue tire la chasse d’eau, s’empare de son sac et avale un chewing-gum à la menthe le plus rapidement possible. S’il y a bien une chose qu’elle déteste par-dessus tout, c’est l’haleine post-vomis. Elle se retourne vers son camarade qui semble avoir terminé d’extraire le parasite. Encore blanche comme un drap (même ses cheveux ont l’air d’avoir été bleachés, tellement ils sont rendus ternes), l’aiglonne le remercie en mettant sa main devant sa bouche pour ne pas trop l’empester. Elle est terriblement gênée et ne sait plus où se mettre. Elle tend toutefois au jeune homme de quoi désinfecter la plaie, et réalise qu’elle ne connait toujours pas son nom. « Moi c’est Alya, en passant… Merci pour tout ce que tu as fait pour Raquel… Et désolée… » Pour calmer un peu la chouette, la bleue ouvre un sachet de lingette, se désinfecte les mains et flatte gentiment la tête de l’oiseau.

Visiblement désespéré, le jeune homme ne prend même pas la peine de répondre à la question d’Alya. Évidemment que Raquel devrait être anesthésiée avant l’opération mais, en l’occurrence, personne n’a les outils nécessaires. La Serdaigle devrait déjà s’estimer chanceuse que quelqu’un soit en mesure de venir en aide à sa petite chouette au sein de l’académie. Cette dernière risque de souffrir un peu, mais c’est pour son bien… Alya se demande quand même bien où elle a pu entrer en contact avec une tique. Elle ne peut pas la traîner depuis cet été, puisqu’elle aurait clairement eu des symptômes plus tôt ; ça doit donc venir de Poudlard ou bien d’un des trajets qu’elle a réalisés récemment. L’aiglonne tente tant bien que mal de se souvenir d’à qui elle a envoyé du courrier mais, hormis Gontran, elle ne voit pas vraiment. Elle se promet donc de rapidement tenir l’administration de l’école au courant de l’incident, juste histoire de s’assurer qu’il n’y a pas d’invasion de tiques dans la forêt interdite…

L’opération se déroule sans encombre, si ce n’est de la rouquine qui, incapable de tolérer la vue du sang, vient de vomir ses tripes dans la cuvette la plus proche. Elle a à peine le temps de se remettre de ses émotions que son sauveur lui demande déjà de tenir sa chouette, le temps de se débarrasser du parasite. Elle comprend toutefois bien vite les intentions du jeune homme et ne peut que lui en être reconnaissante : c’est vrai qu’elle n’apprécierait probablement pas l’effusion de sang supplémentaire liée à tout le liquide rougeâtre que cette fichue tique a aspiré de son pauvre animal de compagnie. Avant de maintenir Raquel pour lui éviter de faire un mouvement trop brusque qui pourrait la blesser encore plus, il faut cependant qu’elle se lave les mains : les vomissements ont beau être acides à souhait, ils n’en restent pas moins plein de microbes, et il ne faudrait pas infecter la plaie. Elle s’empare donc d’une lingette et se frotte les mains avant de s’approcher de Raquel.

La petite créature n’a vraiment pas l’air dans son assiette. Elle gémit de douleur à intervalle étrangement très régulier et ça ne prend pas un grand empathique pour comprendre qu’elle aimerait être à peu près n’importe où ailleurs, loin du scalpel et de tous les autres instruments de torture du Gryffondor. Attristée, Alya fait de son mieux pour lui changer les idées : elle lui caresse gentiment la tête, lui marmonne que tout va bien aller et qu’elle va s’assurer que ce genre d’événement ne se reproduise pas. Susceptible et loin d’apprécier se sentir aussi faible, la chouette se contente de pousser un léger hululement semi-énervé, semi-nerveux. Si Alya est rassurée que sa chouette soit enfin débarrassée de la tique, Raquel ne semble pas si sûre d’elle. Lorsque le brun revient pour désinfecter la plaie, elle laisse échapper un nouveau cri de douleur, difficilement camouflé par les présentations du jeune homme, qui a vraiment l’air de répondre par pure politesse.

« Enchantée, Léandre. Et merci encore pour tout! » À ses mots, le lionceau se radoucit quelque peu. Tout comme l’aiglonne, il semble vraiment apprécier les animaux et n’aurait pas hésité une seconde à venir en aide à une créature malade, peu importe le contexte. C’est d’ailleurs ce moment que choisit Raquel pour se relever et lancer un regard noir à son sauveur. Alya ne peut s’empêcher de sourire à son tour : c’est bon signe. Sa chouette adorée a déjà repris du poil de la bête, si elle est capable de se montrer aussi caractérielle. Loin de se laisser abattre, le lion se lève pour aller lui chercher de l’eau et revient quelques secondes plus tard, invitant Alya à le rejoindre. Non, effectivement, elle n’a pas la moindre intention d’abandonner sa chouette maintenant, mais elle est bien contente que son camarade veuille garder un œil sur elle aussi. Elle se contente donc de hocher la tête et prend place à ses côtés.

Maintenant que le stress est retombé, la bleue réalise que tout est allé très vite et qu’elle en a complètement oublié les bonnes manières que son majordome a pourtant passé plusieurs années à lui inculquer. Elle a fini par se présenter et a remercié son interlocuteur, mais elle lui a tout de même confié un petit être malade avant même d’essayer de faire un peu plus connaissance. Bon, le lionceau n’a pas l’air des plus sociables, mais ils ont au moins clairement quelque chose en commun : leur amour pour les animaux ; alors autant essayer de jouer là-dessus. « Est-ce que ça fait longtemps que tu te sers des toilettes de Mimi comme clinique improvisée? » Elle sourit légèrement avant de reprendre, d’un ton on ne peut plus sarcastique : « Y’a des endroits bien plus propices à ce genre de choses dans l’école, quand même. » Elle ne dit bien évidemment pas ça méchamment, mais elle pense notamment à la salle sur demande, qui fournirait par exemple le matériel nécessaire pour endormir l’animal avant de l’opérer…

D’ailleurs, en parlant de Mimi… Elle est bien silencieuse, pour une fois. Ce qui rappelle aussi à Alya que sa chouette n’est pas le seul animal moldu, lui aussi très calme, qui rôde dans les environs. Elle se relève donc pour aller chercher la cage dans l’une des cabines et dépose cette dernière auprès de sa chouette. « Lui aussi, tu l’as soigné? On a le droit de garder des lézards dans l’école? » Curieuse, la Serdaigle ne réfléchit même plus avant d’enchaîner les questions. Elle en a presque oublier la peur bleue qu’elle vient tout juste d’avoir et, maintenant, elle n’a qu’une envie : libérer le reptile pour voir s’il est capable de s’entendre avec un rapace – sans penser une seconde que ce dernier risque de l’avaler tout cru, bien entendu.